L'accusation marque un changement notable dans la stratégie de la candidate, qui a choisi de se placer en première ligne.
LONGTEMPS, Ségolène Royal s'est défendue de toute attaque personnelle contre ses adversaires. Dans ses meetings, elle empêchait même ses partisans de huer leur nom. « Pas de hou ! dans nos réunions », leur disait-elle. Mais le ton, hier, a changé. Invitée du journal de Canal Plus, elle n'a pas hésité à traiter Nicolas Sarkozy de « menteur ».
L'échange musclé, à distance, entre les deux candidats, avait commencé le matin. Ségolène Royal, qui tenait elle-même le point de presse quotidien de campagne pour la première fois, s'était insurgée contre les déclarations du candidat UMP. Quand Nicolas Sarkozy l'accuse d'être « du côté des fraudeurs » après les incidents violents de la gare du Nord, elle considère que c'est « une insulte ». « Je ne me laisse pas insulter. Il perd son sang-froid. Ce n'est pas une bonne façon de faire de la politique », affirme-t-elle, avant d'ajouter, tel un arbitre qui menace du carton rouge après en avoir décerné un jaune : « Une fois, ça va, mais il ne faut pas qu'il y revienne. »
« Il faut que ça cesse »
Sur Canal Plus, le soir, c'est elle qui y revient : « Je lui ai donné un avertissement », affirme-t-elle. « Il faut échanger des arguments de fond. J'observe qu'il a retenu la leçon que je lui ai donnée », assure-t-elle. Mais, entre-temps, Nicolas Sarkozy a réagi à ses propos du matin (lire page 7) et lui reproche de l'avoir « traité d'ignoble ». Royal, qui vient de prendre connaissance de la déclaration de Sarkozy, dégaine : « Je n'ai jamais tenu de tels propos. » Et s'exclame : « Cet homme est vraiment prêt à tout et à dire vraiment n'importe quoi dans le cadre de cette campagne présidentielle ! Je pense qu'il faut que ça cesse.»
Le mot « ignoble », affirme-t-elle, ne s'appliquait pas à Nicolas Sarkozy, mais à sa proposition de créer un ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale. Donc, conclut-elle, « Monsieur Sarkozy a menti et un menteur est-il apte à devenir président de la République ? Je le dis très clairement. » À l'approche du premier tour, le ton change et la méthode aussi. Ségolène Royal organise désormais sa campagne dans une relation directe entre elle et le peuple, sans intermédiaires. Les « éléphants » sont déjà réduits au silence. Dans les meetings, les élus ont trois minutes pour s'exprimer. Et la candidate, qui laissait d'ordinaire à ses porte-parole le soin de tenir le point de presse quotidien de campagne, a l'intention de s'y investir. « Chaque fois que je ne serai pas en déplacement, je tiendrai personnellement le point de presse quotidien. Je recadrerai la cohérence de l'action », a-t-elle expliqué lors de sa première prestation à ce rendez-vous.
Elle en a profité pour présenter elle-même sa nouvelle plaquette de campagne, page par page, dans laquelle elle s'adresse aux Français à la première personne (« Je veux... », répète-t-elle à chaque page). Même les dates de meetings, c'est elle qui les annonce. Elle sera à Toulouse le 19 avril avec le président du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero.
« Je conduis cette campagne en liberté, avec bonheur, avec pédagogie », explique la candidate socialiste. « Je suis une femme libre, j'entends garder ma liberté », insiste-t-elle, pour justifier ses changements d'a­gendas incessants et inopinés.
Sources Le Figaro
Cela me rapelle Jospin quand il critiquait l'âge de Chirac